Il était une fois un vieux loup (ou un renard), selon les versions ! Qui, le ventre vide, frappa à la porte d’une poule, puis d’une chèvre, d’un âne, d’une vache, etc. Tous, se méfiant de ce voyageur aux dents longues, et craignant de facto de passer à la casserole, lui refusèrent l’hospitalité. C’est alors qu’il sortit de son sac à dos deux gros cailloux, leur demanda de lui procurer une marmite, de l’eau, du sel… Pour en faire son quatre heures ? Non. Pour préparer une soupe qui, au fil du conte, prendra la forme d’un festin collectif, né d’initiatives individuelles ! La morale de l’histoire : « Il faut toujours se méfier des apparences. C’est de la solidarité et du partage que naissent la tolérance et le bien-vivre ensemble, et quoi de mieux que l’alimentation pour fédérer, et de surcroît estomper les disparités ? », tient à rappeler Stéphane Piel qui s’est basé sur ce conte traditionnel à forte teneur humaniste pour créer, avec plusieurs compères, l’association La soupe aux cailloux, le pluriel en plus ! Et le vice-président d’ajouter : « Notre volonté est de changer le monde à notre échelle, de casser les préjugés sans forcer, d’ouvrir les esprits, de s’ouvrir aux autres, de faire ensemble. »
Un nouveau local
Depuis juin 2022, les actions portées par la quarantaine d’adhérents vont dans ce sens. Et la mayonnaise prend. Implantée dans le quartier de Certé, à Trignac, l’association a déjà « touché 300 à 400 habitants, et ce n’est pas fini », assure Stéphane Piel, tout en faisant visiter les nouveaux locaux, en plein chantier ! 80 m2, mis à disposition gratuitement par la mairie, idéalement établis, car sur le site des Crayons, l’ex-pôle médical. «On va casser des murs, rafraîchir le tout, et installer une cuisine professionnelle. L’objectif est d’en faire une Maison de l’alimentation et de la rencontre, tournée aussi vers la culture. » Ce lieu de vie, pensé également en lien avec le collectif Les Crayons*, devrait ouvrir début février. Pour au moins quatre à cinq ans, date butoir avant sa destruction programmée. Stéphane Piel a bel espoir de le voir s’intégrer au futur grand projet immobilier qui verra le jour en lieu et place.
Ateliers autour de l’alimentation
En attendant, La soupe aux cailloux a du pain sur la planche ! Des projets plein les frigos (conception de repas pour les maraudes, café concert, loto, open barbecue l’été…). En plus de ceux déjà réalisés : le jardin potager de 300 m2, enclavé dans le quartier, ouvert à tous… Habitants, écoles, centre de loisirs, maison de retraite, chapeautés par Fabrice, toujours de bons conseils. L’un des deux salariés avec Véronique, la diététicienne, laquelle, en plus d’animer deux ou trois fois par mois des ateliers cuisine thématisés**, propose des séances de sophro-nutrition, histoire de se réapproprier le goût à moindres frais*** et des ateliers ludiques, dès 6 ans, « pour tout connaître sur un sujet en lien avec l’alimentation ». Deux autres salariés – pour l’animation et l’accompagnement – devraient rejoindre l’équipe.
Solidarité dans l’assiette
Tous les mardis de 17h à 19h, Nicolas Guérin, producteur bio à Saint-Nazaire, propose ses légumes à la vente, accessibles aux habitants. Avec ce projet de remettre 10 paniers à 10 familles en difficulté, à tarifs réduits « car ici, rien n’est gratuit. Participer est valorisant pour la personne ». Des paniers donc, une sensibilisation au tri des déchets et une distribution alimentaire. « Un grossiste nous donne entre 400 et 500 kg de produits invendus par semaine. Produits que nous redistribuons à nos adhérents, à d’autres associations solidaires, à celles et ceux qui passent sous les radars, qui n’ont plus un sou. Ou qui en ont ! Question de mixité. Et cela répond à une démarche écologique, anti-gaspi », explique Stéphane Piel, qui avec l’équipe, prône la démarche, en plein essor, de “l’aller vers”. « On ne reste pas les bras ballants à attendre que les gens viennent, on va vers eux. » Alors, ne prenez pas peur si vous croisez sur votre route de drôles d’oiseaux sur de drôles d’engins, comme le vélo bizarre, le pédalo-miam (un mixeur) ou encore le vélo dragon qui se transforme en bar à fruits ! : « C’est pour mieux t’allécher, et mieux manger, mon enfant ! »